Andalousie, Espagne, Europe

Pourquoi visiter Séville ?

Ne me quitte pas

À force de me demander si je me lance ou pas, j’en finis par conclure que l’idée ne me quitte pas. L’idée de partager des voyages, des endroits, des coups de cœur. L’idée de partager des instants de vie qui nous changent et que l’on n’oublie pas. L’idée de dévoiler des émotions qui nous gagnent au coin d’une rue, dans un café, dans un bar à vins, sur une plage. Dans un train. Ailleurs.

« La vie n’est que le reflet des couleurs qu’on lui donne ». C’est si vrai. Nous pouvons tous créer ce que nous croyons, et tous semer de la magie à chacun de nos pas. Ces derniers ne nous emmènent d’ailleurs jamais par hasard. Ils nous portent bien plus loin que l’on peut imaginer. Le pouvoir est en nous, et nous sommes capables de tout quand on y croit. Alors, peu importe, où ces mots me mèneront. Nous mèneront. Ils feront partie de mon voyage. Alors, peu importe si ces partages d’aventures et de folies restent ici ou s’en vont ailleurs. Mon cœur choisit de les dévoiler, à ma manière. A mi manera.

Je commencerai d’ailleurs en suivant mon instinct. Comme c’est mon premier article, je parlerai un peu de mon histoire, même si elle n’intéresse sûrement personne. Je parlerai en premier de l’Espagne, ce pays qui est mon pays d’adoption. J’en reparlerai ensuite. J’en reparlerai souvent. J’en parlerai encore. Mon pays de cœur. J’en reparlerai toujours. Je ne sais pas si j’ai du sang espagnol, sûrement un peu pour m’emballer à ce point à chaque fois que je m’y rends. Comme un coup de cœur. Comme un amour inconditionnel. Sous l’effet de l’émotion, mon cœur bat la chamade dès que j’y atterris. Mes grands-parents possédaient d’ailleurs un appartement à Cullera, près de Valencia. Maman et mes tantes y ont passé tant d’années. Elles y ont dessiné leur jeunesse. Moi, petite déjà, je passais la frontière avec mes parents pour les vacances. La joie nous envahissait, ma sœur et moi. La radio espagnole en fond, nous nous arrêtions à la première station-service pour y mettre de l’essence, moins chère qu’en France. Nous achetions des yaourts grecs au Mercadona, ma mère adorait ça. On ne les trouvait pas en France, ceux-là. C’était le temps des pesetas, jusqu’en 2002. On sentait déjà le soleil. On sentait les tapas. On sentait les paellas. Ça sentait les vacances. L’insouciance. On écoutait Manu Chao et son premier album, Clandestino, en boucle. Je crois que je pourrais le réciter par cœur. C’était en 1998. J’avais 12 ans, et cet album fut, non seulement une référence majeure de la musique latine des années 2000, mais ma référence à moi. Celles de mes premières amours de collège. De mes premières peines de cœur. De mes copines. Cet album a rythmé tellement de mes années folles et mes années collège. Mes années bonheur. Il a aussi rythmé un voyage en Andalousie, en troisième, où nous visitions Cordoue, Grenade et Séville. Voilà le contexte. Mon attachement à l’Espagne ne s’est pas arrêté à tous ces voyages « vacances », indénombrables, ni à ces vieilles racines familiales. Il s’est concrétisé par une vraie vie là-bas, pendant près de 4 ans. À Murcia d’abord, où j’ai terminé ma dernière année de Master. Puis, à Valencia, où j’ai trouvé mon premier vrai travail. Alors, on y apprend à la langue. Parfaitement. Elle devient aussi évidente que notre langue maternelle. On rêve même en espagnol… On se rend compte de cette chance de maîtriser si bien une langue qui n’est pas la nôtre. Et on a l’impression de dominer le monde. Et puis, on fait des rencontres. De si belles rencontres. Celles qui marquent. Celles qui restent. Celles qui sont encore là. Celles qui changent toute une vie. Et celles qui font que notre cœur est encore plus lourd quand on doit quitter le pays.

 

Pourquoi tout ce contexte ?

Parce que c’est cette histoire qui est la mienne qui me donne aujourd’hui envie de parler de l’Andalousie. Sans ce vécu, sans ces amis, sans cette magie, je n’en parlerais probablement pas de la même façon. On met toujours plus de cœur et de subjectivité dans les choses que l’on aime. Que l’on sème. Quand on ne les aime pas, on fait preuve de plus de détachement, de froideur même. Chaque voyage a finalement une histoire. Et chaque voyage démarre de quelque part. D’une envie. D’une idée. D’une rencontre. D’un pari. D’une folie. Selon chacun. L’Andalousie 2018 est liée à cette histoire qui est la mienne. L’envie de retrouver mes amis espagnols. L’envie d’une destination chaleureuse et familière. L’envie de me plonger au cœur de ce pays que j’aime tant. L’envie d’y retourner encore et encore.

Je commencerai par Séville. Puis ailleurs, selon mes envies. Ces écritures ne seront peut-être pas chronologiques d’ailleurs. Elles ne suivront aucune règle. Elles se feront au gré de mes envies, de mes inspirations.

Pourquoi Seville ?

« Quien no ha visto Sevilla no ha visto maravilla ». Une vraie merveille en effet. Pleine de charme, presque irréelle, Séville nous rappelle un décor de cinéma soigné, presque un peu féérique. Incitation au rêve et à l’évasion, elle abrite une magie qui opère dès lors que l’on parcourt ses rues et ruelles. Source d’inspiration culturelle, elle a servi de berceau aux mythes de Carmen, bohémienne andalouse et petite ouvrière de la manufacture de tabac. Elle inspira aussi Beaumarchais et son Barbier de Séville où Figaro nous fait part de sa philosophie épicurienne. Elle accueille l’Exposition universelle de 1992. Seville quel mois ? Avec sa lumière douce et l’odeur des oranges amères au printemps qui parfument la ville, Séville fascine, charme. Envoûte.

 

Exposition universelle 1992

Seville quel quartier ?

On flâne d’abord dans le quartier de Santa Cruz qui occupe l’ancien quartier juif (judería), au nord-est de l’Alcazar. Les ruelles ocre et colorées nous captivent. Calle de la muerte, on découvre la maison de Susona. Ce destin de femme nous interpelle ici. À la fin du XVe siècle, les juifs sont persécutés et chassés de la ville. Susona, belle jeune femme juive, fréquentait alors un jeune homme de la noblesse sévillane. Par amour pour lui, elle trahit son père qui se fait alors tuer. Après sa mort et pour faire suite à ses volontés, la tête de Susona fut coupée et exposée devant la porte de la maison jusqu’au XVIIIe siècle. Ce sont aussi ces anecdotes qui font le mystère et la grâce de Séville.

 

Calle de la muerte

 

Casa de Susona

On visitera ensuite la cathédrale de Séville. Ancienne grande mosquée de la ville, elle est construite pour rivaliser avec la mosquée de Cordoue, symbole du pouvoir omeyyade. La Giralda était alors la plus haute tour du monde musulman. Puissante et élégante, cette « tour du monde » porte bien son nom : plus haute tour du monde pendant longtemps, elle a fait le tour du monde. La rampe intérieure permettait autrefois au muezzin et au sultan de monter à cheval jusqu’au sommet. Au début du XVe siècle, les autorités religieuses décident de construire une « église si grande que ceux qui la verront nous prendront pour des fous ». Ça tombe bien, les folies sont les seules choses que l’on ne regrette jamais… Et, en parlant de folies et de voyages, on s’arrête bien sûr voir le tombeau de Christophe Colomb sur la droite.

 

La Giralda

 

On ne manquera pas le palais royal, el Real Alcázar. Un de plus beaux édifices d’Espagne, il est le chef d’œuvre de l’art mudéjar. Aujourd’hui, il reste la résidence officielle des Rois d’Espagne à Séville. Flânez dans les patios de León, del Yeso ou encore de la Montería.

Au-delà des visites de monuments, parcourez les ruelles et laissez-vous guider là où vos pas vous portent. Les pas perdus, il n’y en a pas, disait André Breton. En effet. Sevilla vous réserve magie et surprises. Achetez des azulejos anciens chez Populart pour faire revivre vos intérieurs grâce aux formes et aux couleurs de la céramique populaire sévillane. Laissez-parler votre âme créatrice et exprimez votre talent. Avec joie ou nostalgie, peu importe. Ce que votre cœur vous dicte. Il n’y a finalement que ça qui compte.

 

Populart Séville

 

On ne visite pas une ville sans y goûter ses saveurs. On sait que la gastronomie fait partie du voyage. Elle rassemble. Elle réconforte. Elle crée des instants uniques. Elle fait que les souvenirs sont jolis et colorés. Savoureux. Délectables. Exquis et doux. Alors, on fait les gourmands à la Pastelería Los Angelitos à l’heure du goûter. À toute heure même. On tente les tocinos de cielo, ce lard du ciel, ou l’art du ciel, pour les plus rêveurs. On essaie aussi l’incontournable turrón et los cortadillos, petits biscuits à la pâte de châtaigne ou à la confiture de courge, pour les plus aventuriers.

Flammes & Co

Pour jouer les Espagnols jusqu’au bout, on savoure les churros de la Calenteria, une des plus anciennes churrerías de Séville. Avec un café ou un chocolat chaud, on les trempe avant de les croquer. Avant d’entamer ce moment douceur. Ce moment bonheur dont on se souviendra encore et encore. Qui nous rappelle aussi les sorties de discotecas à 5 heures du matin. On a faim. On a envie de prolonger la séance avec ceux que l’on aime. Tout a commencé par une soirée à boire du vin chez Pelayo. On y a dégusté des tapas revisitées. On est allés ensuite voir un spectacle de flamenco et puis. S’en sont suivies les flammes & co. On est allés danser. Et on repousse le retour à la maison. On joue les prolongations. Alors, on trouve des churros en guise de fin de soirée. Ou de petit déjeuner. Selon chacun.

 

Pelayo vinos

 

La musique fait partie du voyage. Fait partie de la fête. Parlons-en de la fête. Pour Rousseau, la festivité joue un rôle crucial dans le maintien de la forme républicaine, et c’est ce qu’il nous livre dans la Lettre à d’Alembert. La fête fait partie de l’Espagne. À moins que ça ne soit l’inverse. Elle réunit. Elle permet de s’exprimer. Elle est un espace de frivolités. Une expérience partagée. Elle édifie le lien social sans l’imposer. Contrairement au spectacle, elle n’établit pas de séparation entre le spectateur et les acteurs. C’est ainsi que la fiesta est intégrée au paysage espagnol. Fête l’expérience. Faites que ce manège à vous, soit ici.

 

Flamenco

Le temps s’arrête à Séville. Hors du temps, on oublie le quotidien et on s’évade le temps d’une balade. Ou le temps d’une ballade, pour les poètes. Tant qu’on est ensemble…

Vivement la suite, ça sera la belle Cadix…

« Près des remparts de Séville, chez mon ami Lillas Pastia, j’irai danser la séguedille et boire du manzanilla ».

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